Depuis un petit moment que je fréquente le GEM (Groupe d’Entraide Mutuelle) Atypik, qui est un groupe destiné aux personnes autistes de Grenoble. Il y a quelques activités régulières qui sont animées par les adhérents : par exemple l’atelier philosophie, le chant, l’art plastique, l’écriture…
Je suis le groupe de Tai chi une fois par semaine. Dans notre petit groupe, il y en a qui aiment parler, d’autres qui sont plus timides, ou qui ne parlent presque pas. Chacun peut rester dans sa « bulle » en gardant une distance nécessaire ; chacun se débrouille à sa façon, sans avoir le jugement des autres ; chacun accepte les « bizarreries » des autres en sachant qu’on a tous quelques côtés bizarres.
Je retrouve un confort qui existe rarement devant les personnes neurotypiques. Dans ce monde en dehors de GEM, il n’y a pas assez de liberté pour nous. Si on ne sourit pas ou ne dit pas bonjour, on est malpoli ; si on fait des gestes bizarres, les gens nous observent ; si on parle d’une façon directe, les gens se moquent.
Dans mon expérience, quand j’annonce mon diagnostic TSA aux gens, ils sont choqués « Comment ? Tu me regardes dans les yeux… Tu n’es pas bête… ». Ils ne se rendent pas compte du jugement qu’ils imposent sur les personnes autistes. Quand j’essaie d’expliquer que j’ai des difficultés dans les relations sociales, ils disent « Non, tu parles très bien ». Quand je dis que j’ai des hypersensibilités, ils disent « Moi aussi, je suis hypersensible ! ». Ils se comparent à moi pour s’identifier, leur capacité empathique m’aveugle. Il y en a aussi qui me demandent où j’ai été diagnostiquée, pour voir si c’est fiable.
Qu’est-ce que ça doit être fatiguant d’être neurotypique… Ils jugent, ils s’interrogent, ils doutent, ce n’est même pas leur business. Leur curiosité me paraît ridicule. J’imagine que le monde serait meilleur s’il n’y avait que les autistes. Notre planète serait plus propre, tout le monde respecterait les règlements, une distance sociale nous permettrait d’avoir plus de tolérance et d’acceptation aux autres.
Je me souviens de cet article de Brigitte Harrisson qui m’a fait sourire, je vous laisse découvrir « Autismapolis ».