Je n’ai pas pu renouveler mon blog ces dernières semaines, car je suis dans une période de grande fatigue. Depuis un mois et demi, je m’occupe complètement des tâches quotidiennes chez nous, à cause de l’immobilisation de ma copine.
Le nettoyage : le ménage, le linge. Il y a aussi les petits nettoyages de tous les jours, comme après chaque repas, ranger et essuyer la table, et puis un coup d’aspirateur au sol pour enlever les miettes. Après la douche de ma copine, enlever les gouttes d’eau sur la paroi, frotter le sol pour enlever les traces noires de ses béquilles, et puis l’aspirateur pour enlever les cheveux par terre.
Les courses : le marché pour les fruits et les légumes frais, au supermarché pour le reste, les boulangeries, le magasin chinois… Pendant ma semaine de stage, quand je finis à 18h, je n’ai vraiment pas envie d’aller faire la queue au supermarché avec énormément de monde. Surtout quand j’enchaîne les week-ends de répétition de chorale à Lyon, ça m’a donné beaucoup de stress pour m’organiser et trouver des « trous » pour aller faire les courses.
La cuisine : je prépare 3 repas par jour, et quand je ne peux pas déjeuner chez nous, je dois préparer notre déjeuner la veille. Une boîte pour que j’apporte au stage ou à la formation, une boîte pour ma copine à réchauffer rapidement au micro-ondes. Après quelques jours de stage, j’ai dû craquer. Je ne peux plus continuer ainsi. En un mois et demi, j’ai perdu le plaisir de cuisiner. Je n’ai plus d’idées, plus de goût, et plus de patience. Je suis devenue une machine, précipitée sur mes obligations.
Je tourne dans un cercle répétitif, qui ne va jamais finir. Chez moi devient un enfer, je n’arrive pas à me concentrer sur mon travail, parce qu’il y a toujours des tâches à faire à droite à gauche. Combien de fois j’ai eu envie de crier, de taper, casser des choses. Je suis comme une cocotte-minute, qui risque d’exploser à n’importe quel moment.
J’ai eu une infection à l’œil gauche, ça m’oblige à mettre des lunettes à la place des lentilles de contact. Ça a drôlement changé mes sensations visuelles. Surtout en marchant ou à vélo, les mouvements attirent plus mon attention, ce qui m’ajoute une fatigue de plus. Je me couche à 21h, mon corps traîne comme un zombie, mon cerveau ne tourne plus.
Ça m’arrive de ne plus parler, ne plus regarder ma copine. Ce n’est pas contre elle, c’est que je suis trop fatiguée, j’ai besoin d’arrêter ces contacts oculaires et verbaux. Je m’enferme complètement.
On vient aussi de finir 3 jours de travaux chez nous pour changer les fenêtres et les volets. Quand j’ai vu les poussières et la saleté, j’étais désespérée comme si c’était la fin du monde. J’ai pris le temps de faire les poussières sur les meubles, nettoyer le sol, laver les couvertures. Je n’ai pas le choix, cette putain de vie continue.
Un soir, on est allées voir le récital de Véronique Gens. Quand j’ai entendu « Chanson perpétuelle » de Chausson, j’ai eu les larmes aux yeux. Cette mélodie, qui me paraît tellement familière car je l’ai déjà travaillée, m’a touchée profondément. Je me suis rendue compte d’à quel point je me suis éloignée de ma source, la musique. Pendant tout ce temps, je n’avais même pas écouté un morceau de musique tranquillement, je n’avais pas non plus joué de musique pour mon plaisir. Elle m’a tellement manqué. Ça m’a réconfortée, et en même temps je me suis sentie coupable et bête : j’avais perdu mon chemin. En retrouvant la musique, je retrouve ma joie et ma valeur.
Le week-end suivant, j’ai dirigé ma chorale pour notre premier concert depuis sa création. Étonnamment, malgré ma grande fatigue, je n’ai pas eu beaucoup de stress : je ressentais ce besoin de m’immerger dans la musique. Je me suis concentrée dessus, et j’ai vraiment senti le plaisir partagé avec mes choristes. J’ai passé un excellent moment, tout le monde était heureux et fier de ce qu’on a fait. Encore une fois, la musique m’a sauvée.