Je vais bientôt commencer mon stage dans un SESSAD (Service d’Éducation Spéciale et de Soins À Domicile), spécialisé pour les jeunes autistes de 2 à 20 ans. J’attends ce stage avec impatience, c’est le moment de voir sur le terrain, comment pratiquer ce qu’on a appris en théorie dans notre formation CNIA. J’ai une sensation qui est un mélange de curiosité et de peur.
Je suis curieuse de savoir comment leur équipe fonctionne, leur quotidien, leur esprit… J’ai peur d’assister à des situations de crise, difficiles à gérer.
Après la première rencontre avec la directrice et mes deux tuteurs de stage, j’ai une bonne impression. Leurs questions étaient pertinentes, l’échange était efficace. Il n’y avait pas de « bavardage inutile ». J’ai bien aimé leur rythme. Selon ce que j’ai compris, leur travail se découpe en deux grandes parties : les ateliers et les soins dans leurs locaux, et puis se déplacer et intervenir sur le territoire grenoblois, en plus du temps de réunion et organisation d’équipe. Le planning a l’air intéressant, je vais observer une dizaine de séance en une semaine. Ce qui me stresse le plus, ce sont les temps libres. Par exemple : la pause du midi, et les petits créneaux entre les séances. Où je me mets ? Je fais quoi ? Je dois parler aux gens ? Parler de quoi ? Quand ce n’est pas précisé, ça me panique. C’est vrai que j’ai de grandes difficultés à m’adapter au « temps libre ». Parce que quand je suis avec quelqu’un d’autre, je ne suis pas « libre » : ces temps deviennent inimaginables et ingérables.
Depuis quelques jours, j’ai une mystérieuse infection à l’œil gauche : deux boutons blancs apparaissent dans ma paupière inférieure. Ce n’est pas douloureux, juste une petite gêne. A cause du stress ou de la fatigue ? Je ne sais pas. Mais je n’arrête pas d’imaginer que ces boutons vont éclater pendant mon stage : pendant une séance d’ergothérapie ou de travail de groupe « habileté sociale », tout d’un coup mon œil coule de saleté. Les enfants crient, les éducateurs sont agités… une scène de film d’horreur.