Joli regard

Dans ma formation CNIA (Certificat National d’Intervention en Autisme), notre formatrice nous a montré cette image. Les lignes jaunes dessinent le regard des « gens normaux ». Ils trouvent l’interaction entre ces personnages, et puis suivent la direction de pointage du bras, pour aller chercher l’objectif. Les lignes rouges du regard des personnes autistes montrent qu’il n’y a pas de connexion sociale, ils sont plus dans les détails.

Je me suis rendu compte que, depuis que cette image est apparue, je me suis concentrée à scruter ce qu’il y avait sur leur table basse. Est-ce-que le rond n’est pas une pizza, le carré n’est pas un gâteau à partager, il y a des fleurs, peut-être elles sont fausses… J’ai rigolé toute seule, jolie épreuve. C’est vrai que mon intérêt premier n’est jamais sur la présence des gens. Quand je ne suis pas parmi eux, je ne cherche pas à comprendre ce qu’ils font.

Je pense que ma raison est : mon cerveau est déjà surchargé par mes hypersensibilités. Il n’est pas capable de recevoir tout et n’importe quoi. Il choisit de traiter seulement les informations qui m’intéressent personnellement. Je me pose dans un cadre qui me protège et facilite la vie. Quand les gens sont dans mon cadre, c’est-à-dire en contact direct avec moi, je suis obligée d’interagir. En revanche, s’ils ne sont pas dans mon cadre, je les ignore automatiquement.

Par exemple : La notion de « se balader au centre-ville » n’existe pas dans ma tête. Quand il n’y a pas de but précis, je n’ai pas l’intérêt de perdre mon temps. Si vous dîtes : « aller acheter du bon pains dans une boulangerie au centre-ville », ça sera plus clair et plus acceptable. Je vais le plus rapidement possible vers mon but, pour économiser mon énergie.

Il y avait une fois, en arrivant chez ma psy, j’ai découvert qu’il y a un petit salon en face de son bureau. Je lui ai dit « c’est une bonne idée de faire ce petit coin salon, avec ces fauteuil colorés, c’est sympa ». Elle m’a répondu « c’était toujours comme ça, ils sont là depuis longtemps ». Horrifiée, je me suis rendu compte que, chaque fois je fonce direct vers son bureau, assise, blabla… Parce que mon intérêt est de voir ma psy, je vais directement vers où elle s’assoit. Je n’ai jamais balayé de mon regard cette salle de 30 m². Grande surprise au bout de 6 mois de consultation, ça m’a laissé sans voix.

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