Le moment des vacances de Noël est mon préféré de chaque année.
Ma copine rentre chez ses parents, je passe une semaine toute seule chez moi. Ne vous inquiétez pas, je profite très bien de chaque jour. Je ne fais pas de grasse matinée. Je prépare un très bon petit-déjeuner, et puis je regarde des séries, je joue à des jeux d’enquêtes, je joue du piano, je prépare le répertoire pour mes chorales, je profite de l’occasion pour tester de nouvelles recettes… Et puis, qu’est-ce que c’est agréable de lire un bon roman policier en écoutant Wagner. J’avoue que Wagner n’est pas vraiment dans l’ambiance de Noël, mais quelle fierté ! « Die Walküre » me donne plein d’énergie, ça marche mieux que la vitamine C (ce n’est pas étonnant qu’Hitler était fan de la musique de Wagner…).
Les gens pensent que c’est triste de passer les fêtes toute seule. Mais c’est encore plus triste de rester avec les gens, et me sentir forcée. C’est mon isolement choisi, je suis volontaire.
Le fait que je n’aille pas dans sa famille, ne veut pas dire que je ne les aime pas. Mais les gens ne comprennent pas que passer Noël avec toute la famille, ce sont des moments forts d’interaction sociale. Je suis tout le temps avec des gens autour, les conversations, les repas en famille, même les moments de vide où je ne sais pas quoi faire, me demandent trop de concentration dans l’application des codes sociaux. Mon cerveau tourne sans arrêt : « Qu’est-ce que je dois faire ? Qu’est-ce que je dois dire ? Où je me mets ? Je dois attendre ou bien j’y vais ? ». Au bout de 2 jours, je suis épuisée par une énorme fatigue qui déclenche ma crise d’angoisse. Ça m’est arrivé de m’enfermer complètement pendant plusieurs jours, même pas envie de prononcer un mot. Je deviens une bombe, le moindre bruit va me faire exploser. Être en crise dans sa famille me mets encore plus de honte et de culpabilité. Car je sais très bien que je suis venue pour passer de bons moments avec sa famille, justement pour communiquer et interagir. Mais je n’arrive vraiment pas. Cet échec me met en colère contre moi-même, je souffre de ce cercle vicieux.
Je remercie infiniment ma copine, qui ne me force pas d’aller avec elle. Elle a fini par comprendre que c’est une souffrance de surcharge pour moi. Il n’y a pas d’intérêt à me mettre en crise juste pour respecter la tradition des fêtes.
Je laisse ces gens courir à chercher les cadeaux à offrir, prendre les trains avec plein de monde, manger tout le gras et le sucre. Bonnes fêtes !