Le profilage criminel est une technique d’analyse du crime et de la personnalité du criminel à partir de son comportement. Il ne faut pas exagérer son importance comme dans les films et les romans policiers : en réalité, le profilage criminel est un outil complémentaire pour mieux orienter l’enquête. Il ne prend pas une place majeure.
Je sais pourquoi je suis passionnée au sujet. En effet le plus grand profileur du monde est mon cher Sherlock Holmes, je suis fan de ses histoires depuis que j’ai 10 ans !
On considère « Double assassinat dans la rue Morgue » de Edgar Allan Poe en 1841 comme le premier roman policier qui esquissait un profil comportemental du criminel. Dans ce crime brutal et sans motif, il a écrit « Privé de ressources ordinaires, l’analyste entre dans l’esprit de son adversaire, s’identifie avec lui… ».
Comme Sherlock (A. C. Doyle) a dit : « La singularité constitue presque toujours un indice. Plus un crime manque de caractéristiques, plus il est banal et plus il est difficile de l’élucider. ».
A la fin de la seconde guerre mondiale, le psychiatre américain Douglas Kelley a étudié le profil psychologique des chefs nazis et est ensuite devenu criminologue. J’ai lu un livre sur son histoire passionnante. Avant le jugement de Nuremberg, il fait des entretiens chaque jour dans les cellules des chefs nazis qui attendent leur jugement. Parmi tous ces criminels de guerre, la personnalité de Hermann Göring le fascine le plus. Son travail est de construire leur profil psychologique. Il a changé l’idée de l’époque en montrant que les criminels ne sont pas fous et bêtes. Ils n’ont pas de symptôme de maladie mentale, ni de troubles psychiques. Et ils sont capables de distinguer le bien du mal. Malheureusement, Kelley a commis une faute irrémédiable. Il a mélangé son rôle de chercheur et sa curiosité personnelle, il n’a pas réussi à garder la distance scientifique nécessaire, et est resté hanté par cette expérience sombre. Kelley s’est suicidé des années plus tard en avalant une capsule de cyanure, comme Göring…
A la fin des années 1970 et au début des années 1980, l’unité de sciences du comportement du FBI a approfondi son travail, et est devenue l’unité d’aide aux enquêtes. Grâce à l’«épanouissement» des tueurs en série à l’époque, le profilage est mis en pratique. Mais ici je voudrais parler d’un drôle de détail. Non, plutôt cinglé que drôle.
Un agent du FBI dans le début des années 80, Judson Rey, était sur le point de se séparer de sa femme. Elle buvait, l’insultait, et était imprévisible… Après que Judson a annoncé son envie de séparation à sa femme, elle est soudain devenue la femme idéale. Elle a arrêté de boire, a radicalement changé. En réalité, sa femme avait décidé de le faire assassiner et elle essayait de gagner du temps pour monter son plan. Elle a engagé 2 tueurs, en sachant qu’un agent du FBI armé n’est pas facile à débarrasser. Il y avait tous ces détails comiques : au début ils ont envie de l’assassiner dans le parking devant chez lui. Comme Judson était tout le temps armé, sa femme, qui n’avait jamais préparé un petit-déjeuner depuis 13 ans, se met à lui apporter du café le matin lorsqu’il part, pour que ses mains soient prises.
Comme leur tentative échoue, ensuite ils sont venus directement sonner chez lui : malheureusement, après avoir croisé les voisins, ils ont dû annuler l’opération.
Enfin un soir, sa femme lui prépare un dîner avec une dose de phénobarbital, puis elle emmène leurs deux filles chez sa tante. Les 2 tueurs ne tardent pas à venir faire leur boulot. Par grande chance, Judson a survécu malgré les 2 balles reçues…
Après son vécu comme un film thriller, Judson a rejoint l’unité de sciences du comportement. Il a développé la recherche de comportement et des relations interpersonnelles avant le crime. Les meurtres de conjoints sont plus fréquents que l’on croit. Si votre femme ou homme deviennent calmes ou plus sympathiques sans raison, faites attention. Une modification du comportement de notre partenaire peut avoir une signification…