Musiques de ma route

Pour aller au boulot, j’ai 3h de trajet en autocar. Je fais un aller-retour par semaine, donc 6h de temps libre avec le paysage montagneux par la fenêtre. Au début j’essayais de lire, mais ça m’endort. Finalement la meilleure solution pour passer ce temps sur la route, est de me réfugier dans mes musiques préférées.

Parmi les grandes œuvres vocales, j’écoute souvent le « Requiem » de Mozart, « Lieder eines fahrenden Gesellen » de Mahler, et mon préféré : le magnifique « Vier letzte Lieder » de Strauss. Je peux dire que c’est une œuvre qui me touche énormément. La qualité vocale, l’orchestration et l’esprit sont au sommet, je ne peux pas imaginer mieux. Strauss est un grand connaisseur de la voix, il a mis toutes ses richesses dans cette dernière œuvre de sa vie, c’est son « adieu » personnel. Malgré les textes sombres, comme l’ombre de la mort est toujours présente, sa musique donne une bonne énergie de la vie. Ce sont quatre parties, « Le printemps » : élancé, passionnant, les grands intervalles dans la voix marquent l’agilité de la jeunesse. « Septembre » est plus médium, il y a plus la profondeur de l’âge mur. « En allant dormir », c’est la tranquillité sereine. La fameuse partie de violon solo nostalgique est comme un souvenir, un attachement lointain. « Coucher du soleil » : l’orchestre solennel met en valeur la fin d’une vie. Il termine par une phrase d’interrogation : « Est-ce-que c’est la mort ? ». Il n’y a pas de souffrance, pas de lutte, pas de larme non plus. La voix s’arrête, l’orchestre continue son chant de cygne. Les trilles de piccolo sont comme les oiseaux qui s’envolent, qui emmènent notre âme au ciel. Je suis dans une admiration qui me coupe le souffle…

Les cycles de Schumann sont aussi bienvenus en chemin. « Myrthen », « Dichterliebe », « Frauenliebe und Leben ». J’aime particulièrement les lieder de Schumann. Je trouve que les mélodies sont belles, avec une certaine fluidité et pureté. C’est reposant de les écouter.

Après ces musiques vocales, j’écoute beaucoup de piano. C’est normal, on est plus passionné par les instruments qu’on connaît.

Mon compositeur préféré en piano est Rachmaninov. Il a fait une harmonie de piano aussi riche qu’un orchestre. Ses préludes, les études, les concertos, sont complètement dans le style russe, nostalgique mais aussi énergique. Sa grandeur correspond parfaitement au paysage des montagnes. Surtout quand il y a de la neige, ça me fait rêver. Je ne trouve pas de mot exact pour les décrire, il faut tout simplement les écouter.

J’ai adoré le concerto n°2 joué par Hélène Grimaud. Elle a touché tous les côtés émotionnels, mais jamais débordé, une telle classe! J’admire sa musicalité, accompagnée de sagesse et de limpidité. C’est fou, quand j’écoute le même morceau joué par Hélène Grimaud et Lang Lang, j’ai l’impression que ce sont 2 morceaux différents. Elle est perfectionniste, elle a une obsession pour l’ordre et la symétrie. Bizarrement, même sans rien écouter de ce qu’elle joue, je sens déjà que je l’aime.

Oh bien sûr, il y a encore Liszt ! Il est juste magnifique. Et puis les concertos de Mozart, les préludes de Scriabin…

Après ces quelques années de déplacement pour le boulot, ces heures de route musicales sont devenues ma routine, je sens que ça va me manquer.

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