Il y a des gens qui aiment bien parler ou rigoler avec les enfants inconnus. Dans les transports en commun, les restos, les magasins… à n’importe quelle occasion où ils croisent des enfants. Mais comment ces gens-là peuvent savoir si les enfants ont envie de parler avec eux ? Quand j’étais enfant, je n’aimais pas que les inconnus me parlent. Depuis, je n’ai pas changé.
Les enfants sont généralement fatigants. Ils font du bruit, ils se salissent, ils mettent le désordre dans les affaires, ils attirent l’attention, ils posent des questions… Au lieu de me crever devant les enfants, j’ai choisi de les ignorer complètement. Je ne les vois pas, je ne les entend pas non plus.
J’ai horreur de prendre les transports avec des enfants et leurs parents. Ils parlent entre eux, en même temps qu’ils sourient aux gens qui sont autour. Comme si le wagon se transformait en théâtre, ils jouent sur la scène, et nous devenons les spectateurs. Désolée, si j’ai envie de voir une pièce de théâtre, j’irai au théâtre. Mon siège sera plus confortable, les conversations seront moins bêtes. Stratégie : ne jamais prendre les places «carré» dans les trains, mettre mes écouteurs, faire semblant de dormir. Sinon je dois me retenir tout le long du trajet pour ne pas les tuer.
J’ai quelques élèves enfants. Rien à raconter, je suis très professionnelle. Ce sont les meilleures épreuves pour ne pas mélanger mes sentiments personnels au boulot. J’ai vu une fois le prof de formation musicale qui parle avec ses petits élèves. Sa voix légère et douce m’a terrorisée. J’imagine une chaussette pourrie trempée dans du miel. J’ai dû me faufiler dans le couloir pour quitter cette scène, avec la chair de poule.
Par contre, je m’entends très bien avec mes élèves ados. La communication est beaucoup plus simple. Ils racontent ce qu’ils pensent, pas besoin de deviner le sens caché. Je me sens plus relax avec eux, on rigole bien. Quand il faut les engueuler, je le fais sans hésiter. Selon mes élèves ados, je suis une prof cool : je le considère comme un grand compliment.