Cette fois je suis rentrée en Chine pour un mois, j’ai profité de pas mal d’avantages. Les fruits et légumes sont très variés, on mange très bien. Les courses ne sont pas chères, j’ai acheté plein de chose pour remplir ma valise. Les livraisons sont rapides, les gens achètent tout sur internet.
Du côté négatif, les gens parlent fort, les voitures klaxonnent en permanence, c’est bruyant. Les gens ont l’habitude de marcher avec la tête baissée, en regardant leur téléphone. Je dois faire attention sur les trottoirs pour qu’ils ne se cognent pas sur moi. Les voitures et les petites motos ne laissent jamais la priorité aux piétons. Les passages piétons sans feu ne sont pas utilisables.
Je veux parler de la distance sociale, parce que je trouve que ça n’existe pas en Chine. Dans les transports en commun, les gens me poussent directement pour passer, sans prendre la peine de dire « pardon » ou « excusez-moi, laissez-moi passer ». Ils parlent fort au téléphone, de « quoi préparer pour le diner » ou « business de 3 millions », comme s’il fallait tenir tout le monde au courant.
À l’hôpital, la salle d’attente était noire de monde et très bruyante. Les gens parlaient de leur maladie et de leurs problèmes d’assurance avec leurs voisins inconnus, sans gêne. Quand une infirmière était en train de soigner ma mère, il y a une autre dame qui a poussé la porte sans frapper avant. J’ai retenu la porte en lui disant qu’on était en train de faire des soins, mais elle insistait pour entrer voir si le médecin était là, même si on lui disait que non. Elle n’était pas contente que je ne la laisse pas entrer, j’ai dû lui crier dessus pour qu’elle referme la porte. J’étais énervée que les gens n’aient pas conscience de l’intimité, et ne respectent pas le secret médical.
Après 18 ans de vie en France, j’apprécie bien une certaine distance sociale. Ce n’est pas seulement une question de distance physique. Savoir laisser l’espace aux gens, ne pas franchir la limite personnelle est aussi important. On ne parle pas de nos affaires personnelles en public, et en même temps on respecte les affaires personnelles d’autrui. Cette distance me rassure, me donne une sorte de sécurité et liberté.
La Chine est un pays connu pour être civilisé et poli dans son histoire. Maintenant on entend très rarement les politesses de base « bonjour, pardon, merci, excusez-moi, s’il-vous-plaît » dans les interactions sociales. Je ne suis pas en train de dire qu’en France tout le monde est poli, il y a des sauvages partout. Mais les gens le savent, ils sont conscients, ils ont l’habitude. En Chine, je crois que les gens ne savent même pas ce qui ne va pas.