Ca fait 3 ans et demi que je ne suis pas rentrée en Chine, à cause du Covid. Entre temps, j’ai été diagnostiquée TSA. Cette fois en étant en Chine, j’ai essayé de voir la vie en tant que personne TSA. J’ai pu sentir et comprendre pas mal de choses.
Pékin est une ville immense, l’intensité de population et de circulation sont plus élevés qu’à Paris. Pour moi, le niveau sensoriel était difficile à supporter.
La ville est tellement bruyante ! Les voitures klaxonnent sans gêne, quand elles sont impatientes ou mécontentes. Un piéton qui ne marche pas assez vite pour traverser la rue, peut tout à fait provoquer les klaxons des voitures. Les gens parlent très fort sans se rendre compte. Les gens regardent des vidéos ou écoutent de la musique au téléphone sans mettre d’écouteurs.
Les restaurants sont un enfer, à cause des bruits qui me contrarient, je n’arrive pas à me détendre pour profiter de la bonne nourriture. Je suis allée au resto avec une amie. À la table dans mon dos il y avait une famille, avec une petite fille de 3 ou 4 ans qui regarde ses dessins animés sur une tablette, elle avait dû mettre le volume au maximum. J’entendais les conversations et les rires qui piquaient mes oreilles. Comme tout le monde parlait fort, en plus des bruits des tables à côté, on devait crier pour discuter. J’ai eu mal à la gorge, après ce repas épuisant.
L’autre jour, au cinéma avec mes parents, le son était insupportablement fort, en plus des gens en arrière parlaient fort aussi, j’ai dû mettre mes bouchons d’oreilles pour éviter que mes tympans soient cassés.
Le sens des odeurs est encore plus magique en Chine. Quand je marche dans la rue, les odeurs changent presque tous les 5 mètres : de l’eau de javel, de la friture, des égouts, des poubelles, des peintures, des brioches à la vapeur, du shampooing, des fruits de mer, des herbes, des œufs pourris…L’odeur corporelle des chinois n’est pas pareille que celle des français. Les chinois puent de mauvaise haleine et des vêtements trempés de sueur. Mais les français puent les oignons frais sous les aisselles, et le « roquefort » aux pieds.
Les gens ne respectent pas les règles sociales. On circule dans tous les sens, on ne fait pas la queue. Mais il y a toujours « les règles cachées » à pratiquer : comment se faufiler entre les autres, à quel moment démarrer pour se mettre devant, comment ignorer les autres… Ce sont les « techniques » que je n’arriverai jamais à comprendre.
J’ai ressenti et réfléchi à la vie en Chine aux yeux d’une personne TSA, et j’ai compris pourquoi j’ai eu ce besoin de quitter mon pays et ma famille pour vivre ailleurs. J’étais tellement fière de faire ce pas important qui a changé ma vie. Car sûrement, il y a 18 ans, sans savoir la raison exactement, j’avais bien compris que cette façon de vivre ne serait pas pour moi. Mes parents m’ont dit qu’après que je vis en France, je n’ai plus l’habitude de la vie en Chine. Ils n’ont pas tout à fait raison, maintenant je vois ces choses plus clairement, et je sais bien que je ne me serais jamais habituée à la vie en Chine, même si je n’avais jamais quitté la Chine.