Depuis un an j’avais souvent les yeux secs, ce qui m’a provoqué de petites infections. J’ai mis plus souvent mes lunettes à la place des lentilles. Ça faisait bientôt 30 ans que j’étais myope, j’en avais marre.
Il y a un mois, je me suis fait opérer au laser pour cette myopie. Ce n’était pas une décision facile : comme je n’avais jamais été opérée quelque part, j’avais quand même un peu d’inquiétudes. L’opération s’est très bien passée, rapide et simple. Quand j’y suis retournée une semaine après, pour la vérification, ils ont trouvé un pli sur ma rétine droite. C’est à cause de ce pli que la vue de mon œil droit n’était toujours pas nette, que je voyais aussi les reflets des lumières. Ce genre de problème arrive très rarement, 1% de risque.
J’ai dû faire opérer mon œil droit tout de suite. Je me souviens quand j’étais allongée dans le bloc d’opération, sous les lumières d’une sorte de plaque en inox. Comme ma vue avait déjà récupéré, en fait avec mon œil écarté, j’ai tout vu dans le reflet de cette plaque. Ils ont dû injecter quelque chose dans mon œil, et puis étaler ma rétine avec des pinces. Cette image qui m’a traumatisée va me rester en souvenir pour toute ma vie.
Il y avait beaucoup de manipulations, ça a duré plus de 30 minutes. J’ai serré ma balle anti-stress hyper fort tout au long de cette opération. Le jour-même, après être rentrée chez moi, mon œil m’a piqué de douleur, mes larmes coulaient, je n’ai même pas réussi à dormir la nuit.
Le lendemain de cette deuxième opération, je devais aller à Lyon le soir pour répéter avec ma chorale, parce qu’on avait un concert le jour d’après. J’étais dans un sale état, mais il fallait que j’assume mon engagement, je ne pouvais pas annuler le concert pour tout le monde au dernier moment. Ma copine m’a accompagnée jusqu’à la gare, et il y a une choriste qui est venue me chercher à la gare à Lyon. Je n’arrivais même pas à tenir mes yeux ouverts, faire ces trajets toute seule était impossible. La répétition et le concert se sont bien déroulés. J’ai dû garder mes lunettes de soleil pour me protéger, et mes yeux se refermaient à cause de la douleur. J’ai dû diriger ma chorale à l’aveugle : heureusement je connais presque tout par cœur, on n’a rien raté. C’était tellement pénible, avec la souffrance, j’ai eu l’impression que chaque minute est devenue plus longue. Je me suis demandé : on avait quel pourcentage de chance pour que ce concert tombe après une opération ? 1% ?
Il y a une drôle de coïncidence : les personnes autistes représentent environ 1% de la population en France. J’ai eu tout le bonheur du monde de me retrouver à chaque fois dans ces 1% de cas.
Ça me fait peur quand les gens disent « il y a seulement 1% de risque… »