Pendant mes 2 semaines de stage, j’ai pu suivre et observer les séances de travail au SESSAD. Une dizaine d’enfants autistes, dans tous les contextes, au SESSAD, à leur domicile et à l’école. Le rythme de travail est intense, ça bouge dans tous les sens. Préparation en équipe, les trajets à faire, les évaluations… On est toujours en chemin.
Ils s’occupent d’une trentaine d’enfants autistes, mais il y a environ deux cents enfants dans leur liste d’attente. Tous ces enfants sont scolarisés, dans des classes Ulis ou des classes ordinaires. Ils n’ont pas de déficience intellectuelle, pourtant leurs niveaux sont très différents.
Il y a par exemple un enfant de 12 ans, qui a été diagnostiqué TSA, TDAH, et dyspraxique. Il refuse toujours d’accepter ses difficultés : les interventions du SESSAD ne sont pas bienvenues. Quand je suis allée dans son école avec son éducatrice, il ne faut pas aller le chercher dans sa classe, il ne faut pas non plus lui parler dans les couloirs, car il ne veut pas les gens sachent qu’il a besoin d’aide. L’ergothérapeute m’a raconté que quand elle a travaillé avec lui sur ses difficultés de dyspraxie, il a dit : « Je veux opérer mes mains ».
Il a eu du harcèlement scolaire. Quelques jeunes l’ont encerclé en lui disant qu’il était handicapé, ensuite ils se sont poussés et tapés. Depuis il ne veut pas en parler, même pas un mot.
En imaginant combien de stress et de rage sont entassés sur le dos de cet enfant, ça m’a glacé le cœur. S’il n’accepte pas son handicap, personne ne pourra vraiment l’aider. Le SESSAD sert comme une guidance, mais le plus grand effort est à faire par lui-même.
Je suis allée observer une séance d’évaluation d’ergothérapie pour un enfant de 8 ans. Quand sa maman a su que j’étais TSA, elle est venue vers moi, en me disant qu’après le diagnostic de son fils, elle a aussi été diagnostiquée TSA, il y a un an. On a discuté sur la gestion de sensorialité dans notre vie quotidienne, le suivi psy. J’ai senti qu’elle avait besoin de parler avec des gens qui la comprennent, et de partager des expériences. Cette maman a tout fait pour son fils, mais elle-même se sent seule et perdue. Je lui ai proposé de venir au GEM Atypik, où je participe à des activités avec des autistes adultes. J’espère qu’elle pourra trouver un peu de réconfort en se faisant des amis là-bas.
J’ai eu plein de belles rencontres très enrichissantes pendant ces 2 semaines. Les journées sont rythmées et stressantes à cause de la « vigilance » professionnelle. Ces salariés de SESSAD méritent le plus grand respect du monde. Rien que voir ces gens qui donnent tout ce qu’ils peuvent pour aider ces enfants à mieux gérer leur avenir, ça me touche. Parfois je me demande : après une journée de boulot, quand ils rentrent chez eux, est-ce qu’ils ont encore l’énergie de s’occuper de leurs propres enfants ?