L’année du lapin

3 jours avant le nouvel an chinois, ma copine a fait une chute à vélo. Elle a 45 jours de plâtre avec une fracture à la cheville.

En chinois on dit « Sui sui ping an » (chaque année en paix) pour souhaiter la nouvelle année. « Sui sui » (chaque année) se prononce de la même façon que « sui » (casser). Je me souviens qu’à la table du repas de réveillon, si on fait tomber un bol ou casser un verre, on dit « sui sui ping an » avec beaucoup de joie. Donc je prends le sens positif : ma copine a cassé son os pour nous apporter de la paix, quel gentil sacrifice.

Cet accident m’a bousculé, comme je n’aime pas le changement de planning, ça nous a tout changé. On avait prévu un repas de réveillon avec 5 amis chez nous. Je ne voyais pas comment m’occuper de ma copine et faire un gros repas, j’ai décidé d’annuler notre invitation. Je me suis sentie dans une drôle de sensation, d’être en arrêt : je n’arrivais pas à préparer mon travail, je n’arrivais pas à lire une page, je n’avais pas envie de répondre à mes mails… Toutes mes activités personnelles étaient bloquées. Mon cerveau ne tournait plus, il ne programmait plus. Toute mon attention était sur ma copine, apporter les choses pour elle, déplacer les choses quand elle doit bouger.

Le jour du réveillon, j’ai quand même essayé de suivre la tradition. J’ai fait le ménage de la maison, changer et laver les draps et les couettes, faire les poussières, nettoyer la salle de bain, passer l’aspirateur et la serpillière. Et puis, préparer notre repas de réveillon. Le poisson et le poulet étaient obligatoires à table même si finalement on n’était que deux. J’avais déjà fait les dernières courses le matin et dans l’après-midi, une tarte aux pommes au four. Le rendu de notre repas était très bien, mieux que j’imagine, je suis assez fière de moi, malgré la grande fatigue.

Le jour de l’an, on a fait des raviolis en regardant le gala télévisé. Il y avait des enfants déguisés en doudou lapin qui dansaient, c’était super mignon.

Depuis 17 ans que je vis en France, je suis bien intégrée dans la société française, mais Noël ne me touche toujours pas. Parce qu’on se réunit en famille pour ce genre de grande fête, ceux qui sont plus proche dans ma famille, ce sont mes parents. Mes parents ne fêtent pas Noël, donc Noël perd sa signification pour moi. Malgré la distance, mes « racines » sont bien en Chine. Je peux fêter le nouvel an chinois avec eux, en faisant les mêmes plats, en regardant la même émission de télé, partager leur joie.

Je sens que cette année du lapin sera merveilleuse, ça casse, ça crie, ça pète partout.

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