J’ai participé à une conférence qui parle de problèmes sensoriels chez les personnes TSA. J’ai halluciné sur les témoignages particuliers. Par exemple, il y a des personnes autistes qui sont hypersensibles aux couleurs de leur nourriture, ils acceptent de manger seulement deux ou trois choses. Il y en a aussi qui ont leur goût «déplacé», ils peuvent ressentir du pimenté en mangeant quelque chose de sucré…
Les plus courants ce sont la sensibilité au bruit et à la lumière. J’ai réfléchi sur moi-même, je pense que le plus détestable pour moi, c’est le soleil.
On peut dire qu’en principe, la lumière forte me gêne, car je ne supporte pas non plus la lumière des spots. Mais c’est moins pire, grâce à la solution toute simple de les éteindre. Le soleil, par contre, me met dans une situation désespérée, qui déclenche souvent ma colère. Ce n’est même pas suffisant de mettre des lunettes de soleil ou un chapeau. Il m’aveugle, il me brûle la peau, je le sens dans chacune de mes cellules. Il m’épuise, physiquement et mentalement. C’est souvent à cause de rester au soleil, que je deviens irritable. Il me provoque une sorte d’impatience et brutalité envers les gens autour. Le soleil me transforme en monstre fatal, comme la pleine lune transforme les loups-garous.
Le beau temps pour moi, c’est : pas de soleil, pas de vent, pas de pluie et pas de neige. Le ciel est juste sombre, mais calme. J’avoue que ça n’ arrive pas souvent, 3 ou 4 fois par an. Alors je marche dehors avec de la joie.
Les bruits soudains me font sursauter. Ce n’est pas agréable de sentir mon âme qui s’enfuit, il faut plusieurs secondes pour qu’elle réintègre mon corps.
J’avoue qu’il y a des bruits qui sont insupportables, comme mâcher avec la bouche ouverte, ou encore marcher en traînant les pieds par terre : je rêve de sauter sur ces personnes et arracher leurs cheveux.
En fait, quand il y a du bruit, je n’entends que ces bruits. Tous les autres sons sont reculés en arrière-plan. Quand je mange, le bruit de ma bouche qui mâche sonne si fort dans mes oreilles. C’est compliqué de tenir une conversation en mangeant. Il faut que je m’arrête de mâcher, pour entendre les paroles de la personne en face.
Je perçoit facilement les anomalies dans une voix. Si j’entends des voix parlées avec un sifflement, une nasalité, ou les consonnes molles… Mon cerveau fait son analyse, il pose des hypothèses : mâchoire déformée ? Langue mal positionnée ? Ou un problème dentaire ?… Cette sensibilité est un côté positif qui m’a largement servi dans mon travail de prof de chant.
J’ai déjà écrit dans mon article « l’odeur » sur mon odorat très développé, je ne vais pas répéter ici.
Je n’ai pas beaucoup de soucis avec le toucher. J’aime particulièrement toucher les fruits. Frotter une jolie tomate au bout de mes doigts, ou prendre une pastèque contre mes joues… Oh ! Qu’est-ce qu’ils sont agréables ! Ça fait partie de ma perversité avec les fruits.
Je n’aime pas faire la bise. Je peux devenir tactile seulement avec les gens assez proches, avec qui je me sens confortable. Je pense que ça joue dans la catégorie de communication et interaction sociale. Tout dépend qui : je n’évite pas de coller avec ma meilleure amie, par contre quand un enfant se jette sur moi, j’ai envie de trouver un arbre pour me pendre dessus.
La solution qu’ils proposent contre ces sensibilités sensorielles est assez basique : trouver un endroit calme pour s’isoler. D’abord c’est important de savoir un maximum sur soi-même, et puis essayer de prévenir et se protéger dans les situations difficiles. J’ai toujours des lunettes de soleil, des bouchons d’oreilles, des écouteurs, un petit tube à inhaler, un spray d’huiles essentielles, un roll-on anti-stress, un masque anti-UV, des mouchoirs, du gel nettoyant, et un éventail pliable dans mon sac. Vous voyez, la vie est chiante !