J’ai croisé une dame en chemin. De loin j’avais déjà remarqué qu’elle marche bizarrement, elle a peut-être trop bu ou est droguée…
Quand on s’est retrouvées à environ un mètre, elle m’a demandé : « Madame, regardez ma tête, je n’ai pas une feuille collée dessus ? ». Je n’ai pas bougé, je n’avais surtout pas envie de l’approcher. Ses cheveux étaient tout plats, collés sur sa tête, visiblement écœurants. Je lui ai répondu : « Vous avez juste les cheveux sales, il n’y a pas de feuille dessus », et suis vite retournée continuer mon chemin.
Quelle chance, cette dame a dû demander à la meilleure personne dans toute la ville : moi, qui déteste les inconnus qui me parlent, et qui suis maniaque sur les cheveux !
Depuis très longtemps je garde mes cheveux courts : l’avantage est qu’ils sont très faciles à nettoyer. Mes cheveux propres et frais me mettent de bonne humeur. Je déteste le vent, car il me décoiffe et les salit.
Je me souviens, quand j’ai voyagé à Chengdu, après avoir mangé un bon repas de fondue pimentée, j’avais les cheveux huileux. Ça a duré une semaine, comme si ma tête pesait des tonnes. Je les ai lavés tous les jours, matin et soir.
Quand j’étais au conservatoire de Bourgoin, il y avait une fille de classe de chant qui avait des dreadlocks. Ça ne faisait pas longtemps que j’étais en France, je n’avais jamais vu cette coiffure en vrai. J’ai toujours pensé : « La pauvre, elle doit avoir une maladie qui lui fait perdre ses cheveux. Mais elle aurait dû choisir une autre modèle de perruque qui la mette plus en valeur »…
Un jour, on était en cours d’italien, elle s’est assise juste devant moi : il n’y avait que son immense tête dans mon champ de vision. Je l’ai observée de près en me disant : « C’est en laine ou en fil synthétique ? ». Cette question est devenue irrésistible, je n’écoutais plus rien de notre cours. Finalement, j’ai tiré discrètement une tige de ses dreadlocks. Selon le toucher, j’ai cru que c’était en fibres synthétiques… Elle a tourné la tête et m’a demandé : « Tu as tiré mes cheveux ? ».
J’étais très étonnée parce que j’avais fait très doucement, justement pour qu’elle ne sente pas sur sa perruque. « Tu as senti ? », j’ai demandé. « Oui, bien sûr que je sens mes cheveux ! ». Alors là, grande panique, j’ai compris que c’était pas une perruque, c’étaient ses vrais cheveux. J’ai regardé ma main gauche, mon Dieu ! Qu’est-ce que j’avais touché ! Ça devait être très sale, je ne pense pas qu’elle les lavait tous les jours. Et puis, une incompréhension m’a envahie. Pourquoi ces gens fabriquent une serpillière espagnole par leurs propres cheveux sur leur propre tête ?!!! Ce n’est ni esthétique ni hygiénique.
J’avoue que ce n’était pas la plus grosse bêtise que j’ai faite. Je suis toujours allergique aux dreadlocks. Quand je vois ces têtes de serpillière, j’essaie de les ignorer. Il ne faut surtout pas que je repense à cette scène d’horreur.
Isaac Newton a dit : « Je suis capable de calculer le mouvement des astres, mais pas la folie des humains ». Je suis sûre que c’est parce qu’il a vu quelques têtes de dreadlocks !