La cuisine est une thérapie où je peux mettre toute ma patience, ma créativité pour me détendre, me faire plaisir et aussi servir les autres. Toutes ces étapes, depuis planifier un repas jusqu’à le servir à table, me donnent les bonnes sensations.
Aller au marché, chercher les bons ingrédients frais, voir leurs couleurs vives, au toucher ferme. Une tomate bien mure et juteuse est déjà un délice même si on ne fait rien de spécial avec ; un avocat tendre et huileux qui fond tout seul dans la bouche ; le goût sucré et caramélisé des patates douces… Chacun a son caractère spécial. Ils se marient pour créer des goûts de même caractère ou en complémentaire, ou de la folie.
J’adore l’odeur des herbes. Quand je coupe la menthe, le basilic, la coriandre, leurs parfums m’envahissent. J’inspire ce moment du bonheur.
Toucher un pavé de saumon glissant, le trancher lentement avec beaucoup de délicatesse, être bienveillante de sa fragilité. Frotter la peau de poulet pour faire une marinade, comme lui faire un massage. Je prends du temps pour les manipuler et les transformer. La cuisine est mon moment serein, ça réveille mes sensibilités sensorielles. Je suis concentrée sur ces sensations, la tête est bien vidée. Je peux passer des heures à préparer un repas, ce n’est pas du tout une tâche pénible, car je me repose, en fait.
Quand j’étais petite, je regardais souvent ma mère qui fait de la cuisine. J’ai appris sa patience et sa générosité. La règle de chez nous : il ne faut jamais faire d’économie alimentaire, la bonne nourriture est primordiale. Peu importe que ma maman soit fatiguée ou pressée, on a toujours un repas varié et délicieux. Maintenant ma maman est retraitée. Elle fait souvent des galettes ou des baos à la vapeur en quantité démesurée pour offrir aux voisins. Les jeunes voisins qui n’ont pas le temps de cuisiner sont devenus fans. La bonne nourriture fait sourire tout le monde, c’est trop beau.
J’ai des intolérances alimentaires (les familles de l’ail et l’oignon, le lait de vache, l’œuf, la noisette). C’est pour ça que j’ai commencé à beaucoup cuisiner, d’abord pour me « sécuriser ». Pour aller au restaurant ou manger chez les gens, ce n’est jamais facile. Je suis une gourmette, malgré ces gênes d’intolérance. J’aime les plats simples et francs, pas les chichis qui mélangent de tout, j’ai horreur des sauces épaisses qui font lourd.
Quand je cuisine, je ne suis aucune recette, je ne mesure jamais le poids ou compter le temps de cuisson. Je déteste aussi compter combien de morceaux par personnes, comment on peut savoir quelle personne mange combien de morceaux ? Débile ! C’est un problème d’hospitalité avare, dans ce cas-là, n’invitez personne, tout le monde sera tranquille.
Je fais tout comme je ressens. À la vapeur ou au four, je surveille. Quand j’ai de bonnes idées, j’essaye. La cuisine ne doit pas se transformer en chiffres ou en lettres. Ce côté intellectuel va casser son charme naturel.
Quand on voyage, la gastronomie locale est une étape indispensable. À travers la base de leur cuisine, on peut savoir comment est cultivée leur terre, leur état géographique. Par leur façon de cuisiner, on peut aussi savoir leurs traditions et leur rythme de vie quotidienne. Surtout dans les petits restaurants locaux ou les stands dans la rue, on trouve souvent de bonnes surprises. Les goûts restent comme un précieux souvenir de voyage.
Chez moi, quand je sers mes plats aux invités, ils sont heureux. Ils sont ravis que j’ai passé du temps à leur préparer ce bon repas. Je suis aussi heureuse, parce que j’ai passé un bon moment toute seule.
Voici mes photos de cuisine.