Depuis mon diagnostic de TSA, je vois ma psychologue régulièrement.
Dès la première séance, on a parlé de mon problème de changement d’humeur, je suis souvent en colère. C’est comme si je n’accepte pas d’avoir les émotions de la faiblesse, la peur ou la tristesse. Chez moi, il y a un seul moyen de s’exprimer, c’est la colère. C’est vrai que je pleure très très rarement, mais ça ne veut pas dire que je n’ai pas d’émotions, mes émotions sont « mal interprétées ».
Même au travail, quand ça ne marche pas très bien en cours avec mes élèves, je suis en colère contre moi-même, parce que je ne fais pas assez bien, tout est de ma faute. Une sensation d’échec, ne pas être à la hauteur, me bascule dans une sorte de colère.
Il y a aussi des moments où je suis énervée, mais je ne sais même pas la cause. Ma psy m’a dit, si sur le moment-même c’est difficile de savoir pourquoi, c’est souvent à cause d’un problème sensoriel, une odeur désagréable, un bruit… Parfois il ne faut pas grand-chose pour me déstabiliser. Quand ces sentiments désagréables s’accumulent, je me referme pour me défendre. La colère est ma barrière de défense.
Elle m’a proposé de prendre un cahier, chaque fois que je sens de la colère, je l’écris dessus. J’ai bien suivi son conseil. Au début, je l’ai écrit très grand et très fort, presque racler et trouer les pages avec mon stylo. Après quelques jours, j’ai commencé à noter ce qui m’embête et ce que je pense, c’était comme un journal personnel. Finalement en un mois, j’ai fait seulement 3 pages de colère, et une dizaine de pages de notes quotidiennes.
Le résultat était magique, je sens moins de colère qu’avant. Écrire ma colère n’est pas seulement un moyen de m’exprimer, c’est aussi prendre le temps de recul, la laisser sur ces pages.
J’ai aussi remarqué une chose intéressante. J’ai écrit toutes mes colères en chinois, ma langue maternelle, tout le reste est en français. Le chinois est la langue qui coule dans mon sang, c’est ma façon de m’exprimer tellement naturelle, innée. Par contre la langue française représente plus de réflexion, plus d’analyse. Je bascule entre ces deux langues selon mon humeur.
Maintenant je prends l’habitude de noter tout ce qui ne va pas, pour éviter que ça continue à tourner dans ma tête. Laisser ces choses quelque part, et puis tourner la page. Je sais aussi que quand j’ai envie ou j’ai besoin de les revoir, elles sont toujours là, les petites marques dans ma vie.