Début 2018, ma copine a lu une BD qui parle d’une fille qui découvre son autisme : « La différence invisible ». Elle a trouvé beaucoup de ressemblance avec moi. On commence à s’intéresser à l’auteure de cet histoire, Julie Dachez. Ensuite dans son autre livre « Dans ta bulle », il y a vraiment pas mal de détails qui me parlent, je me suis retrouvée dedans. Ma copine a commencé à faire quelques recherches sur le diagnostic. Début 2019, elle a contacté le centre expert TSA de Grenoble par téléphone. C’était assez rapide, on a reçu leur premier questionnaire, j’ai rempli et renvoyé. Et puis environ 1 mois plus tard, un 2ème courrier arrive avec une demande de description générale écrite par moi, et une personne proche, donc ma copine. Après tous ces échanges par courrier, on a eu 2 ans d’attente, j’ai presque oublié cette démarche.
Un jour j’ai eu un appel du centre expert, pour me donner un RDV pour un premier entretien. Fin mars 2021, je me suis rendue au centre, avec beaucoup de stress. Effectivement, je ne sais pas ce qui m’attend, aucune idée de ce qu’on va faire. J’ai passé une heure à trembloter, parler devant une jeune psychologue. C’était super difficile et stressant, je me souviens qu’elle m’a posé des questions sur mon enfance, ma famille, mon parcours, mes points de vue et mes ressentis sur mes difficultés quotidiennes. J’ai l’impression qu’on a parlé de tout et de rien, j’étais noyée dans le stress, surtout je ne me sens pas à l’aise de parler de moi-même avec une inconnue. J’étais soulagée et épuisée en sortant du centre.
Mon 2ème entretien était une semaine plus tard. Il y avait une autre psychologue et une interne. J’étais moins stressée, parce que je connaissais le lieu, en plus ce qu’on allait faire était plus clair dans ma tête. Cet entretien a duré environ 1h30. On est plus entré dans les détails, j’ai raconté plein de choses précises, mes petites habitudes, mes routines, mes anxiétés, mes intérêts… Il y avait des petits moments où on a rigolé ensemble. J’étais plus relax à la fin de notre entretien.
Le 3ème RDV a eu lieu en été, qui s’appelle ASDI (l’entretien semi-structuré réalisé avec un proche qui connaît bien la personne évaluée). Donc c’est ma copine qui y est allée. Je pense toujours qu’elle était super contente de raconter mes bizarreries, que ça lui ferait du bien de décharger ces pressions qu’elle a dû recevoir par moi.
Fin août 2021, dernier entretien. Je suis informée par 2 psychologues que je suis diagnostiquée « Trouble du spectre autistique (TSA) sans déficience intellectuelle (SDI) ». Elles me proposent le programme de post-diagnostic dans leur centre, pour avoir un suivi de psychologue. Mais le délai d’attente sera environ un an. J’ai demandé à apprendre à contrôler ma colère, faire un travail sur mes émotions.
Mon diagnostic ne m’a pas étonné, je le savais dès que j’ai lu la BD de Julie Dachez. Mon sentiment était partagé en deux côtés. D’un côté, l’autisme n’est pas une maladie, ça ne se soigne pas, je ne pourrai jamais guérir un jour. Je dois toujours vivre avec mes hypersensibilités, mes difficultés émotionnelles, mes anxiétés. D’un autre côté plus positif, je ne suis pas seulement quelqu’un de bizarre, il y a un nom « autiste », il y a d’autres gens comme moi, et il y a aussi des gens professionnels et attentionnés qui travaillent sur le sujet. Ça ouvre des possibilités pour que j’apprenne à mieux gérer ma vie, mes proches peuvent aussi mieux me comprendre.
Ce n’est qu’un début, un nouveau départ. Je commence à m’interroger, réfléchir et puis accepter mes différences. J’ai décidé de faire quelques formations nécessaires pour arriver à aider les autres autistes comme moi.