L’odeur est une sorte d’identité, chacun et chaque chose possède sa propre odeur.
Tout simplement, vous pouvez remarquer dans les différents magasins : Nature et Découvertes sent les huiles essentielles, Marionnaud m’intoxique avec leurs parfums forts mélangés. Dans les magasins de prêt-à-porter, je sens les tissus poussiéreux et enfermés ; dans les magasins de chaussures, je sens le cuir.
Dans les musées, il y a un mélange de bois, de leur produit d’entretien, un peu de poussière parfois accompagné par un léger bruit de souffle de leur système de ventilation. Pour trouver les toilettes dans un musée, il faut juste suivre l’odeur acide qui accompagne une odeur artificielle de parfum d’ambiance.
J’aime l’odeur des fruits, des herbes aromatiques, du café… Qu’est-ce qu’il est agréable d’entrer dans un boulangerie, sentir de bons pains. J’aime aussi l’odeur des livres, leur parfum d’encre. Dans le jardin en bas de chez moi, j’inspire l’odeur des végétations après la pluie. Chez mes voisins sri-lankais, qui répandent toujours l’odeur de leur cuisine dans le couloir, le curry, l’ail, le paprika…
Mon petit chien peluche « Domingo », il m’aide à mieux dormir grâce à son odeur tellement familière (ma propre odeur en fait). Je le cache dans mon sac à dos, on voyage souvent ensemble. Rien qu’un bisou sur sa petite tête, il me réconforte. Je ne peux pas imaginer comment je pourrais vivre sans lui.
L’odeur des gens me met souvent mal à l’aise. Il me paraît intrusif de sentir leur lessive, leur shampooing, leur crème cosmétique ; ou bien ils viennent de croquer une pomme, ou bien encore il y avait des oignons crus dans leur salade. Quand quelqu’un met beaucoup de parfum, c’est souvent pour cacher une puanteur horrible. J’essaie d’ignorer leur odeur, pour ne pas aller trop loin avec mon imagination. Je ne trouve pas de mot pour exprimer comment ça m’a sauvé de mettre de l’huile essentielle dans mon masque, pour ne pas sentir leur haleine, transpiration, leurs chaussettes sales… Pour moi, apprécier quelqu’un est égal à accepter son odeur. Désolée pour les gens qui sentent mauvais, je ne vais jamais m’approcher de vous.
Cette hypersensibilité à l’odeur m’apporte du bonheur et du malheur. C’est un don mais aussi une punition. Je pense que j’ai mal choisi mon métier, j’aurais du m’entraîner pour chercher les truffes dans les forêts, je deviendrais plus riche.